Parallèlement à son exposition à succès, " Egypte éternelle passion", le Musée royal de Mariemont propose actuellement une expo-focus consacrée aux vies multiples des cercueils. L'occasion de découvrir l'histoire qui se cache derrière ces objets. Une histoire jalonnée du travail d'artisans, de vie, de mort mais aussi d'études scientifiques contemporaines.
Cercueil, sarcophage ou encore momie, des termes qui occupent une place particulière dans l'imaginaire du grand public lorsque l'on évoque l'Egypte ancienne. Un thème que le Musée de Mariemont a souhaité aborder à travers une exposition autour du cercueil égyptien. Avec un regard porté vers les personnes qui ont façonné cet objet emblématique plutôt que vers le propriétaire.
" On a vraiment voulu développer cette thématique sur base d'un objet que nous conservons au musée. C'est un cercueil qui provient du musée du musée du vieux cimetière, à Soignies", explique Arnaud Quertinmont, commissaire de l'exposition. " L'idée était de montrer que cet objet, qui n'est pas très beau, n'est pas esthétique, peut néanmoins nous apporter une foule d'informations sur les êtres humains qui se cachent derrière l'objet. Le bûcheron, les menuisiers, les peintres,..."
Les analyses réalisées en laboratoire ont ainsi permis aux scientifiques d'apprendre de nombreuses informations sur le cercueil de Soignies, sans même en connaitre le propriétaire d'origine.
" On s'est rendu compte que le cercueil a été réalisé sur base de matériaux de réemploi, des planches de bateaux notamment, qui sont plus vieilles de 200 ans. On a également toute une série de gestes du peintre qui a enduit le cercueil. On a les traits, on a également des traces de réemploi où le décor a été gratté. Et enfin, la dernière information, c'est le dernier geste qui a été posé sur le cercueil. C'est le prêtre qui a badigeonné le couvercle avec du bitume noir au cours du rituel funéraire. Donc, on a vraiment des informations, de la création jusqu'à la mise en terre."
Des informations qui en disent beaucoup sur l'état d'esprit de l'époque.
" On voit vraiment qu'il y a une chaîne opératoire qui s'établit avec les artisans ", poursuit Arnaud Quertinmont. "On voit aussi que la récupération de matériel n'est pas forcément un gain de temps. On récupère une planche de bois, certes, mais il va falloir combler les trous. Il va falloir mettre des chevilles supplémentaires. Et donc, finalement, on se rend compte qu'il y a beaucoup plus de travail humain derrière et que ce qui prévaut, c'est l'aspect financier du matériau, mais pas du temps de travail."
Et si l'exposition permet aux visiteurs de découvrir le travail des artisans avec pédagogie, elle met également en lumière les acteurs, sans qui cela serait impossible.
" On a voulu mettre en avant le travail des restaurateurs qui s'arrangent pour que les objets soient conservés le plus longtemps possible et soient présentés au public. Le travail des scientifiques de laboratoire qui étudient au carbone quatorze, aux infrarouges et également le travail des conservateurs et des médiateurs du musée qui s'arrangent pour que ces informations soient accessibles au public."
L'étude du cercueil de Soignies servira en outre à établir le protocole de restauration d'un cercueil conservé à Louvain-la-Neuve. Une nouvelles étape dans ces vies multiples des cercueils.
L'exposition est accessible gratuitement, jusqu'au 9 avril 2023.
N. Elet