Horrues : Frédéric Hachez, prisonnier de guerre

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A l'occasion du 11 novembre, Manu Hachez nous raconte son histoire familiale et notamment celle de son papa, prisonnier de guerre durant 5 ans.

Un candidat notaire devenu soldat

Né en 1911 à Soignies, Frédéric Hachez est, en 1939, candidat notaire. Militaire et officier de réserve, il est mobilisé en septembre 1939 et affecté au bataillon du Fort d’Eben-Emael, près de Liège. Dès son départ, il prend l’habitude d’écrire à son épouse, Ghislaine.

La guerre éclate brutalement

Le 9 mai 1940, il écrit à sa femme qu’il espère être libéré pour les fêtes de Pentecôte. Hélas, le 10 mai, les troupes allemandes attaquent la Belgique et pénètrent au fort d’Eben-Emael par les airs. Frédéric est fait prisonnier dès ce premier jour de la guerre.
Commence alors pour lui cinq longues années de captivité, rythmées par les transferts entre camps selon l’approche des forces alliées.

Un amour entretenu à travers les murs

La famille suivra son parcours grâce à une abondante correspondance. Il fallait souvent plus d’un mois pour qu’une lettre parvienne d’un camp à Soignies. Ghislaine, loin de rester passive, visite d’autres familles, aide les nourrissons et invente un procédé discret pour communiquer plus souvent avec son mari.

La Convention de Genève imposait aux officiers d'être un petit peu privilégiés et de pouvoir recevoir de leur famille des colis de vêtements. Et dans ce colis de vêtements, ma maman décousait les ourlets des vêtements et y glissait des mots d'amour sur du papier de soie et ça permettait à mon papa, dès qu'il recevait le colis de la Croix-Rouge, de découdre les ourlets pour découvrir les mots d'amour de son épouse raconte leur fils Manu Hachez

La libération et le retour

Cinq ans presque jour pour jour après son arrestation, Frédéric est libéré à la veille d’un lundi de Pentecôte. Amaigri, décalcifié et édenté, il est d’abord difficilement reconnaissable pour Ghislaine. Malgré tout, les retrouvailles apportent un soulagement immense.

Une joie assombrie par le deuil

La joie de la libération est toutefois ternie par la tragédie familiale : deux cousins de Manu, Claude et Michel Hachez, jeunes résistants, ont été dénoncés, déportés au camp de Neuengamme et n’en sont pas revenus. Peu avant la libération du camp, des prisonniers furent embarqués sur le navire Cap Arcona, qui fut ensuite bombardé par les Britanniques. Claude et Michel, âgés de 21 et 22 ans, périrent en tentant de regagner la côte à la nage.
Leur nom figure aujourd’hui sur le monument du cimetière de Soignies, lieu de nombreuses cérémonies commémoratives.

« Cette volonté d’être au service des autres, même dans des circonstances difficiles, c’est quelque chose qui doit nous motiver. Dire aux jeunes ce que nos aînés ont vécu peut leur donner une conception de la vie plus profonde, plus communautaire. » — Manu Hachez

Le devoir de mémoire

Manu Hachez perpétue le souvenir familial et partage régulièrement ces récits, convaincu qu’ils peuvent éveiller les consciences et enrichir la compréhension des générations actuelles.
 


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