Réforme des médias de proximité : les MDP hennuyers présentent leur contre-proposition

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Réforme des médias de proximité : les MDP hennuyers présentent leur contre-proposition

Face au projet de réforme des médias de proximité porté par la ministre Jacqueline Galant, qui prévoit notamment la suppression de plusieurs télévisions locales, les directions des médias de proximité du Hainaut ont présenté de nouvelles propositions.

Premier cheval de bataille des quatre MDP hennuyers : l’objectivation des données. Ils réclament un audit indépendant de l’ensemble du secteur ainsi qu’un cadastre de la situation actuelle, incluant les effectifs, budgets, sources de financement et zones de couverture. Leur objectif est clair : sortir des impressions subjectives pour fonder la réforme sur des faits comparables et transparents. Ils demandent également un état des lieux complet des aides publiques à la presse, pour mieux situer l'effort budgétaire consenti envers les MDP (0,07 % du budget global de la Fédération Wallonie-Bruxelles).

Des synergies plutôt que des suppressions

Plutôt qu’une réduction drastique du nombre de médias, les directions hennuyères proposent un modèle de synergies renforcées à l’échelle provinciale. Dès 2026, elles souhaitent coproduire 15 % de leurs programmes, en particulier sur des thématiques transversales comme l’éducation aux médias, le sport ou l’économie. Elles misent également sur des collaborations renforcées autour des grands événements hennuyers et la mise en place d’une structure commune pour des productions destinées à des tiers (clients privés ou institutions).

Sur le plan technique, elles proposent la création d’un groupement d’achats, un partage des ressources audiovisuelles et une harmonisation des outils pour gagner en efficacité. Commercialement, elles ambitionnent de mutualiser leur démarche pour attirer de nouveaux revenus publicitaires à hauteur de 300.000 € par an d’ici 2031.

Une relation repensée avec la RTBF

Les médias hennuyers plaident pour des collaborations plus efficaces avec la RTBF. Ils souhaitent une répartition claire des rôles : local pour les MDP, régional/national pour la RTBF. Ils proposent également d’intensifier leur présence dans les JT de la chaîne publique et de lancer, ensemble, une task force dédiée à l’intégration de l’intelligence artificielle. La mutualisation des infrastructures, comme à Mons ou Charleroi, est également envisagée pour rationaliser les coûts.

Un modèle économique à plusieurs piliers

Les directions hennuyères esquissent un modèle économique équilibré, réparti entre quatre sources : 30 % de subsides de fonctionnement de la FWB, 30 % d’aides à l’emploi, 20 % de financements locaux (avec un minimum de 2,5 € par habitant) et 20 % de recettes privées. Elles proposent en parallèle plusieurs pistes de financement complémentaires : élargissement du tax shelter, contributions des fournisseurs d’accès internet, priorisation des campagnes publiques sur les médias locaux, et accès aux fonds de soutien existants comme ceux de Wallimage.

Alléger les lourdeurs administratives

Les quatre médias pointent également la lourdeur des obligations administratives et demandent une simplification. Ils suggèrent de centraliser les données RH, d’automatiser les rapports, et de créer un rapport unique répondant aux exigences tant de la FWB que du CSA. L’objectif : libérer du temps pour l’opérationnel et l’innovation.

4 scénarios sur la table

Alors qu’un Wallon sur trois vit en Hainaut, la question de l’information locale y prend une importance stratégique. Dans cette optique, une réflexion est en cours pour imaginer un nouveau maillage médiatique qui garantirait un accès équitable et de qualité à l’information de proximité dans chacun des quatre grands bassins de vie du territoire hennuyer.

Quatre scénarios sont actuellement à l’étude :

  1. Maintien des structures existantes : les quatre télévisions locales actuelles, avec un renforcement des synergies entre elles et un nouveau modèle économique pérenne.
  2. Création de deux pôles médias urbains hybrides : à Mons (RTBF + Télé MB) et Charleroi (RTBF + TéléSambre), avec un maillage complémentaire dans le Centre (ACTV) et en Wallonie picarde (notélé). Ce modèle, bien que structuré, risquerait de ne pas répondre aux besoins spécifiques de visibilité locale.
  3. Mise en place d’un média "Cœur de Hainaut  autour de la zone IDEA, avec deux pôles rédactionnels solides à Mons et dans la région du Centre. Ce scénario permettrait de conserver des JT propres et des contenus ciblés par bassin de vie, tout en renforçant les antennes carolorégienne et picarde.
  4. Redécoupage des zones de couverture, en intégrant des communes situées aux marges du Hainaut (Tubize, Sambreville, etc.) dans les zones d'influence d’ACTV ou de TéléSambre.

 

Au-delà des aspects techniques ou structurels, l’enjeu reste le même : assurer à chaque citoyen hennuyer une information de proximité fiable, pertinente et ancrée dans la réalité de son territoire.

 

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