Mariemont : le vol de céramiques chinoises, un phénomène de plus en plus courant

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Mariemont : le vol de céramiques chinoises, un phénomène de plus en plus courant

Après cinq semaines d’enquête, la jarre chinoise dérobée au Musée Royal de Mariemont a pu être retrouvée. Ces dernières années, les tentatives de vol de céramiques chinoises d’époque Ming se multiplient. Plusieurs musées européens en ont déjà été victimes avec un mode opératoire similaire.

Dans la nuit du 20 au 21 avril, aux alentours de 4h du matin, trois individus ont pénétré à l'intérieur du Musée Royal de Mariemont via la porte de secours du mémorial. Les voleurs connaissaient les lieux et il ne leur a fallu que six minutes pour ressortir du musée avec leur butin, une jarre à vin d’une valeur inestimable.

Ce vase Ming appartenait à la collection originelle du musée puisque c’est Raoul Warocqué lui-même qui l’avait acheté en 1912, quelques années après son voyage diplomatique en Chine et au Japon.

Après cinq semaines d'enquête, les voleurs ont finalement été arrêtés à Roubaix et la jarre a pu être récupérée par les forces de l'ordre. 

« Rapidement, on s'est rendu compte qu'il y avait une liaison avec des auteurs en France. Raison pour laquelle une excellente collaboration a permis l’interpellation des personnes qui ont été arrêtées, deux du côté français et deux du côté belge. En un mois et quelques jours, on a donc retrouvé la jarre et interpellé des auteurs grâce à une collaboration étroite entre les autorités judiciaires et policières belges et françaises. C’est assez remarquable que dans ce type de dossier, on puisse arriver à élucider de façon heureuse et récupérer un objet d’une grande valeur », se réjouit Vincent Fiasse, procureur du roi de Charleroi.

En raison du secret de l'instruction et des notions d'intérêt public, le procureur du roi de Charleroi n'a pas communiqué davantage d'informations sur les détails de l'opération. 

Les voleurs demandaient une rançon en échange de l'œuvre

Dans ses pages, Le Parisien précise qu'après les faits, les voleurs se seraient tournés vers les responsables du musée pour leur proposer de récupérer la jarre en échange d'une rançon. Cette information a été confirmée par Richard Veymiers, directeur du Musée Royal de Mariemont. Un négociateur aurait ensuite pris la place du directeur du musée pour feindre l'échange de bons procédés et arrêter les voleurs. Cette dernière information n'a, à ce jour, ni été confirmée ni infirmée. 

Le directeur du musée tient quand même à faire un démenti par rapport à un élément communiqué dans la presse française concernant son implication dans cette opération à Roubaix :

C'est vraiment un exploit policier. On est ravi même si on est toujours un peu choqué de ce qui nous est arrivé. Je tiens cependant à préciser que, contrairement à ce qui circule dans les médias, je n'ai pas participé, à titre personnel, à cette opération.

L'œuvre a été abîmée au niveau du couvercle

L'œuvre n'est pas encore revenue à Mariemont. Un diagnostic complet sera d'abord réalisé par les experts du musée en interne :

J'ai entendu que le couvercle avait été endommagé dans l'opération mais l'intérêt de nos œuvres, c'est surtout la valeur patrimoniale. Cet épisode est un évènement supplémentaire de cette œuvre exceptionnelle qui appartient aux collections historiques de Mariemont.

Les vols de céramiques chinoises d'époque Ming se multiplient

Le vol de cette céramique chinoise d'époque Ming à Mariemont n'est pas un cas isolé. Depuis une quinzaine d'années, dans plusieurs musées d'Europe, les vols de ce type d'œuvres se multiplient. C'est arrivé en Scandinavie, en Angleterre, en France, en Suisse et l'année dernière, en Allemagne et aux Pays-Bas.

« La dynastie des Ming, c'est vraiment un âge d'or pour la Chine. C'est un moment où la Chine est florissante et l'empire déjà immense. La cour impériale s'est installée à Pékin dans la Cité Interdite et est protégée par la grande muraille de Chine. C'est vraiment l'emblème de la Chine parfaite, telle qu'on la rêve. La porcelaine à l'époque des Ming est très créative, on a des innovations et cette jarre illustre l'innovation de l'utilisation des cinq couleurs. Aujourd'hui, tous les collectionneurs sont friands de ces pièces et se les arrachent sur le marché de l'art », précise Lyce Jankowski, conservatrice des arts extra-européens au Musée Royal de Mariemont.

Cette jarre aux poissons de 47 centimètres de hauteur qui a été dérobée puis récupérée est une œuvre tout à fait exceptionnelle puisqu'il s'agit d'un réel défi technique datant du 16ème siècle :

On a une pièce techniquement quasiment infaisable et pourtant les ateliers impériaux ont été capables de la réaliser pour la cour impériale. C'est une pièce pour l'empereur, avec une technicité dans la réalisation. Elle a demandé plusieurs heures de travail, plusieurs cuissons, avec des risques de rater. Elle symbolise la maîtrise parfaite que la Chine a de la porcelaine au 16ème siècle. C'est une pièce contemporaine de Charles Quint et François 1er à une époque où, en Occident, nous n'avons pas du tout percé les secrets de la porcelaine.

Si cette pièce semble quasiment infaisable en Occident, c'est notamment parce qu'en Chine, on retrouve des gisements de kaolin qui permettent de préparer la pâte qui sera cuite ensuite plusieurs fois pour avoir tous les dégradés de couleur, les poissons, les algues et les plantes aquatiques. Pour chaque couleur, il faut savoir gérer des températures différentes pour les cuissons et c'est un art extrêmement difficile à maîtriser.


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