La Louvière : le blues du personnel soignant
Publié le 23 novembre 2022 à 16:34Le malaise du personnel hospitalier et des maisons de repos était au centre d’une rencontre entre infirmières et aides-soignantes et la députée fédérale socialiste Laurence Zanchetta mercredi à La Louvière.
L’occasion pour le personnel soignant de faire entendre ses revendications par rapport à ses conditions de travail et son pouvoir d’achat mais surtout par rapport au respect des résidents et des patients.
Après avoir été mis sur un piédestal pendant la crise du covid, le personnel aide-soignant et infirmier, du secteur hospitalier et plus encore celui des maisons de repos, regrette le peu de considération dont il bénéficie aujourd’hui.
« Ah ça, c'est clair, c'est. On faisait tout : le nettoyage, les toilettes, les soins, se souvient Laetitia Carlier, une aide-soignante en maison de repos. Et là, maintenant, on continue à faire le même travail et en fait, nos tâches sont dévaluées et rien n’a changé. »
Dans les locaux du Setca à La Louvière, ce sont essentiellement des infirmières et aides-soignantes des maisons de repos qui ont porté la parole du secteur des soins de santé devant la députée fédérale Laurence Zanchetta. Absentéisme, rentabilité, pouvoir d’achat, dégradations des conditions de travail, agressivité des patients ou de leurs proches… Les plaintes ne manquaient pas. Difficile pour la députée socialiste de la majorité de s’engager à résoudre toutes ces difficultés.
« A court terme, certainement pas, reconnait la parlementaire. Et je crois qu'il ne faut pas non plus promettre des choses qu'on ne va pas pouvoir tenir parce qu'il y a eu une revalorisation salariale et au niveau fédéral, en tout cas au niveau des hôpitaux, on l'a fait avec le fonds Blouses blanches qui permet de soulager le travail infirmier en permettant à des hôpitaux notamment d'engager d'autres personnes qui vont par exemple faire des tâches administratives. Mais il est vrai que dans l'immédiat, c'est difficile de trouver un énorme budget pour une revalorisation salariale. ».
Le risque, constataient de concert la députée et le personnel soignant, est de voir une réelle pénurie dans les maisons de repos et dans les hôpitaux si le métier n’est pas revalorisé et les normes revues, surtout si la législation sur les actes infirmiers n’est pas respectée.
« Ah oui, ça c'est clair que au niveau des tâches, on fait tout et du grand n'importe quoi, déplore Laetitia Carlier. On a peur de plus être protégés parce qu'on fait des actes qu'on ne devrait pas faire. Et on a peur des conséquences. Mais on le fait parce que on n'a pas le choix, parce qu'il y a de l'absentéisme dû à la pénibilité du travail. Donc là, on a vraiment peur. Ah oui, ça! »
En ce qui concerne le pouvoir d’achat, la mandataire socialiste préconise une baisse de la fiscalité sur les bas salaires.
«Donc on peut travailler notamment au niveau du pouvoir d'achat. Et une des solutions sur lesquelles on travaille actuellement, c'est revoir la fiscalité et baisser notamment celle sur les bas salaires. »
Lors de cette rencontre, les intervenants exprimaient surtout le souhait d’avoir plus de temps à consacrer à chacun de leur patient.
« Tout le monde en rêve de pouvoir faire notre travail correctement, d'avoir que cinq ou six résidents à nous occuper le matin tranquillement au lieu d'en avoir douze, quinze, 20, comme dans certaines institutions », conclut Laetitia.