La santé financière des Médias de proximité est au cœur des débats. Avec pour la majorité MR-Engagés, une situation catastrophique. Les chiffres disent pourtant le contraire. Décryptage.
Depuis le début des débats en commission médias du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’argument tourne en boucle, principalement par la voix du député MR Olivier Maroy : « La situation financière des Médias de proximité est catastrophique, plus de la moitié d’entre eux sont en faillite virtuelle, la situation des télévisions locales est extrêmement précaire » a ainsi avancé à de nombreuses reprises le député. Argument aussi repris par la députée Les Engagés Armelle Gysen.
L’état des finances des Médias de proximité serait donc particulièrement alarmant au point de remettre en cause leur viabilité. Ce qui imposerait donc la réforme portée par la majorité MR-Engagés. Sans réforme, les MDP seraient donc voués à disparaitre tant leur situation financière est critique.
Pourtant, lorsqu’on prend le temps d’analyser les chiffres, le constat est radicalement différent. Et nettement moins sombre que celui dressé par les députés de la majorité. Ainsi en 2024, selon les chiffres disponibles auprès de la Banque Nationale, seuls 4 médias présentent un exercice comptable déficitaire. 4 sur 12. Bouké, BX1, Télésambre et Tv Com. Des chiffres négatifs que chaque média doit justifier auprès du CSA, l’organe de contrôle du secteur. Et pour la plupart d’entre eux, le déficit constaté est directement à mettre en lien avec des investissements ou des amortissements. Ainsi le CSA indique dans son dernier rapport :
« Sept éditeurs ont remis un budget financier en équilibre, quatre sont en léger déficit sans que cela n’affecte leur solidité financière à court terme. Un éditeur présente toutefois une situation financière préoccupante ».
Seuls 2 médias en déficit
En effet, lorsqu’on s’attarde sur la situation globale des Médias de proximité, 2 d’entre eux présentent une situation déficitaire sur plusieurs années comptables cumulées. Déficit de seulement 6350€ pour TéléMB dont la situation s’est améliorée. Seul bilan inquiétant celui de Télésambre dont les chiffres présentent une perte cumulée de 1 789 189€. Un déficit justifié en grande partie par l’explosion des coûts de fonctionnement du média depuis qu’il partage le même bâtiment que la RTBF à Charleroi.
Une collaboration avec la RTBF qui coûte cher
A titre d’exemple, ce bâtiment, Médiasambre, est gardé 24h/24, 7 jours sur 7. Une décision de la RTBF dont le coût est supporté par les 2 médias. Avec un impact évidemment différent sur leur budget respectif. Celui de la RTBF était de 483,3 millions en 2024 contre moins de 4 millions pour Télésambre.
En conclusion, la situation présentée comme catastrophique par certains députés de la majorité MR-Engagés ne l’est pas au regard des chiffres. Le bilan global du secteur est même largement positif. Comme l’indique d’ailleurs le CSA dans son dernier rapport de contrôle des Médias de proximité. « Le CSA constate une amélioration de la situation financière de la plupart des MDP au regard du précédent bilan » précise ainsi l’organisme de contrôle.
Et si l’argument des chiffres peut être contesté et il n’est pas le seul. Plusieurs éléments avancés ces dernières semaines dans le dossier de réforme des Médias de proximité posent question sur leur pertinence. C’est notamment le cas de la représentativité des Conseils d’administration, des audiences ou encore de la présence sur les plateformes digitales. Autant de points analysés et vérifiés dans un dossier élaboré par plusieurs Médias de proximité.
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