De nombreux sans-abris sont propriétaires de chiens. Une compagnie souvent indispensable pour affronter la solitude mais qui se révèle problématique au moment de trouver un logement. C'est le cas pour Philippe, un sans-domicile fixe qui voit toutes les portes se fermer dès qu'il se présente avec ses deux malinois. Une situation dénoncée par un groupe de citoyens.
Il est 20h30 lorsque nous retrouvons Philippe, 48 ans . Comme tous les soirs, il rejoint l'abri de fortune qu'il s'est aménagé à proximité de la maison qu'il occupait auparavant, à la Hestre. C'est ici, qu'il passe les nuits accompagné de ses deux chiens. Le résultat d'une histoire marquée par une succession d'accidents de la vie.
" L'histoire, c'est que j'ai travaillé un peu partout. A l'armée, en toiture, en nettoyage de façade. Avec mes problèmes de santé, je suis tombé en mutuelle et la maison que j'avais a été déclarée insalubre. Donc maintenant, je me retrouve à la rue ", raconte Philippe.
Depuis, Philippe cherche un logement pour lui et ses chiens. Mais, malgré les démarches, aucun hébergement public ni privé ne semble en capacité de l'accueillir avec ses compagnons.
" Les chiens sont un obstacle pour trouver un logement vu qu'ils sont grands. Les gens ont peur et ils pensent que les chiens abiment énormément alors que ce n'est pas vrai. Et il n'est pas question de les abandonner. Ce n'est pas possible d'abandonner mes enfants. On me propose une solution provisoire pour les chiens, à la SPA mais ça n'arrange rien ".
Une situation qui touche et révolte un groupe de citoyens qui apporte, autant que possible, son aide au quotidien et réclame que l'on trouve une solution durable pour sortir Philippe de la rue.
" Il y a quelques années que je vois Philippe", nous dit Sophie Pieters, Présidente des Equipes Populaires Hainaut Centre. " Et franchement, je voudrais que ça bouge. Je voudrais qu'on se dise qu'on peut faire quelque chose. On a tous très froid aujourd'hui. Mais lui, le problème, c'est qu'il va passer la nuit ici. On a besoin de vêtements, on a besoin de nourriture parce que Philippe ne mange pas à sa faim. Mais aussi de piles pour sa torche et de vaisselle. Il a sa dignité."
" J'attends quelque chose de concret ", poursuit Philippe Moons, un bénévole solidaire. " Qu'on lui propose un logement, que ce soit social ou privé. Mais qu'on n'oublie pas ses deux chiens."
Une solidarité qui va droit au cœur de Philippe.
" Je reçois le soutien de mes amis ici présents et aussi de la population. On me donne des couvertures, des courses pour les chiens. Franchement, je reçois le soutien populaire ".
A travers le témoignage de Philippe, c'est aussi le phénomène plus général du sans-abrisme qui est soulevé par les citoyens rencontrés. Eux qui n'acceptent pas qu'en 2023, il ne soit toujours pas possible de trouver un logement pour tous, quelle que soit la situation des personnes précarisées.
N. Elet