Ils l’avaient annoncé, ce matin les policiers ont durci le ton. En effet, en front commun syndical, une action était menée au rond-point qui jouxte l’Hôtel de Police à Manage, des barrages filtrants qui ont considérablement ralenti la circulation entre 7h et 9h. Audrey Decroës et Carlo Schirosi
Opération réussie ce matin pour plus de 150 policiers. Toutes zones de police confondues et toutes couleurs syndicales représentées, les agents s'étaient partagés les différents embranchements du Giratoire Gendarmerie à Manage pour fortement ralentir la circulation. Alors qu'il n'est pas encore 8h, les files s'allongent, plus de 45 minutes pour rallier Carnières au rond-point. Bref, une action plus impactante. Les policiers n'avaient plus d'autre solution.
« On entre dans une phase supérieure, on durcit le mouvement en faisant vraiment un ralentissement beaucoup plus fort. Toujours de la sensibilisation mais maintenant, on passe à l'action » explique Philippe Bailly, le président provincial du SLFP Police.
Les représentants syndicaux dénoncent un dialogue de sourds avec le gouvernement fédéral qui ne respecte tout simplement pas ses engagements. Pour les forces de l'ordre, la coupe est pleine. Les revendications sont nombreuses mais se résument en un seul mot le respect.
« Le respect des accords signés que le gouvernement balaye d'une main, c'est le respect par rapport au métier spécifique que nous avons, c'est à dire de pouvoir partir en âge à la pension respectable, rendre le métier attractif de façon à ce que des jeunes puissent s'engager et le respect par rapport à la couverture sociale et juridique en cas d'agression dans le cadre du travail » énumère Philippe Bailly.
Avoir recours à ce type d'action n'est évidemment pas courant pour la profession. Toutefois, la situation aujourd'hui critique, a tout simplement imposé cette mobilisation. Si rien ne change, les conséquences seront très sérieuses. Exemple dans notre région, plus particulièrement à l'heure des carnavals, un effectif policier inadapté pourrait se révéler plus que problématique.
« S’il n'est pas fait en sorte que le métier soit attractif, à un moment donné, il ne sera plus possible de mettre les policiers sur le terrain pour encadrer un carnaval. Et quand on voit le drame qui s'est passé l'an dernier, on n'imagine pas un carnaval sans policiers présents sur le terrain » ajoute le policier.
D'un côté, des policiers à bout de patience, de l'autre, des conducteurs qui n'ont pas le choix et qui attendent. De la surprise, du ras le bol, mais aussi pas mal de solidarité, de compréhension et surtout de soulagement lorsque le barrage se lève.
« L'action est bonne, franchement. On pensait que c'était hier. Apparemment, c'est aujourd'hui. Il faut le prendre avec, je ne veux pas dire avec humour ou en tout cas avec détachement, parce que voilà, ça devient difficile pour tout le monde. Et donc voilà, je peux comprendre la démarche aujourd'hui. Il faut être solidaire quelque part. Mais bon, je suis attendu. J'ai perdu entre guillemets une demi-heure. Mais bon, en tant qu'indépendant, je paye aussi de ma personne. Donc, et comme eux aussi, on est quelque part tous dans le même bain. Et voilà, pour ne pas dire autre chose » témoignent quelques automobilistes.
L'action de ce mercredi s'est prolongée l'après-midi à Namur. Et si un dialogue plus constructif n'est pas rétabli avec le gouvernement Vivaldi, les syndicats policiers annoncent de nouvelles actions, plus dures encore. Pour les policiers, le mot d'ordre est clair : ça suffit !