Les orages attendus dans la nuit de mardi à mercredi ont frappé la région du centre, des intempéries qui ne font pas les affaires du monde agricole en période de moisson. Cette année 2024 n'est pas bonne pour les agriculteurs qui n'ont eu que 2 petits jours pour tenter de sauver leurs récoltes.
15h30 et Dominique Maes entame le dernier champ qu'il doit moissonner. L'agriculteur est en route depuis les petites heures et profite de ces 2 jours de beau temps avant les intempéries. La récolte n'est pas bonne, mais pour éviter que sa production ne perde encore en qualité, l'homme travaille jour et nuit.
Ici, on annonce 2 jours avec une bonne météo, donc il faut en profiter ! Explique Dominique Maes, agriculteur. S'il pleut encore, la qualité du blé va baisser à nouveau. Cette année, elle n'est déjà pas bonne, mais alors s'il pleut encore dessus, ça va encore être pire... C'est pour ça que je travaille aussi la nuit et que j'ai pris de l'avance la semaine dernière.
Une coordination minutieuse
À quelques kilomètres de là, au dépôt agricole Centragro, tout le monde est à son poste, les tracteurs arrivent toutes les 5 minutes pour y stocker les céréales. Chaque agriculteur veut stocker et protéger sa production déjà amoindrie. Les équipes du dépôt sont donc sur le front pour que chaque camion respecte la procédure étape par étape, en commençant par la pesée.
Une fois la pesée effectuée, le camion peut aller décharger dans l'un des différents lieux de stockage en fonction du type de marchandise qu'il contient. Précise Brieuc Majois, responsable du site d'Estinnes de Centragro. Une fois la marchandise vidée, on tasse le tout pour maximiser l'espace de stockage, alors que le camion ou le tracteur repasse à la pesée pour avoir son poids à vide, ce qui permet de quantifier son stock.
L'agriculture et la pluie, une relation d'amies ennemies
Et si les arrivées au dépôt se font si nombreuses, c'est bien évidemment parce que tous les agriculteurs moissonnent leurs champs avant les intempéries de ce mercredi. La pluie, bien qu'essentielle pour la fertilité des champs, s'est avérée beaucoup trop abondante au cours des 8 derniers mois. Froment, escourgeon ou épeautre, peu importe le type de céréale, par rapport à l'année dernière, la production a chuté de près de 30%.
On a eu énormément de précipitations cette année, et les différentes cultures ne les ont pas appréciées. Soupire Brieuc Majois. Ces fortes pluies entraînent une certaine pression au niveau des maladies et donc une forte baisse des rendements, ici on parle de -20 à 30%. Normalement, nous avons un rendement de 10 tonnes par hectare, ici on parle de 6 à 8 tonnes pour ceux qui ont eu de la chance.
2024, une année maudite pour le monde agricole
30% en moins, un manque à gagner énorme quand on sait la situation agricole actuelle. Durant l'année, les agriculteurs ont manifesté à plusieurs reprises pour dénoncer les conditions du marché, alors avec cette production amoindrie, comment faire pour s'en sortir ?
Point de vue quantité, pas de miracle, on a ce qu'on a, donc il faut espérer que le prix du blé monte. Constate Dominique Maes. Il faut attendre pour espérer combler les pertes, mais hélas, c'est le prix du blé au niveau mondial, donc je ne pense pas que les intempéries en France et en Belgique vont avoir une grosse influence sur ce prix. On n'a pas le choix, on doit attendre.
L'année 2024 est donc une année délicate pour le monde agricole, d'autant plus qu'avec les fortes intempéries attendues, la fin de la moisson sera postposée à une date encore inconnue puisque tributaire de la météo.