La commission des Relations extérieures de la Chambre vient d’approuver une proposition de résolution qui reconnaît "un risque sérieux de génocide" de la minorité ouïghoure en Chine et condamne les "crimes de persécution et les violations massives des droits humains dans la région autonome du Xinjiang qui peuvent être constitutives de crimes contre l'humanité". Ce texte a reçu l'unanimité moins l'abstention du PTB et il devrait donc être rapidement approuvé par la Chambre. La Belgique rejoindrait ainsi les USA et quelque autres pays qui dénoncent les fortes persécutions des autorités chinoises subies par ce peuple dont la terre d’origine est l’ancien Turkistan oriental.
La nouvelle réjouit bien sûr le Président des l’Association des Ouïghours de Belgique que Michel Bellefontaine avait rencontré il y a quelques semaines, à Manage.
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Un rappel géopolitique s’impose. Depuis fin 2016, notamment, le sort des Ouïghours interpelle la communauté internationale. Le travail forcé, y compris des enfants, dans les champs de cotton et dans les ateliers de confection est l’un des éléments qui a permis une prise de conscience, 83 multinationales étant pointées du doigt pour leur laxisme. Par un intense travail de contestation et de manifestations, les choses évoluent peu à peu et permettent de mettre un mot sur la situation : c’est un véritable génocide qui se déroule en Chine.
Abdymutalip Imerov, Président de l’Association des Ouïghours de Belgique, nous rappelle qu’un génocide existe quand un groupe, un peuple, une ethnie subit des pressions d’un gouvernement, des tortures, des exterminations, en raison de différences de culture, de religion ou de convictions politiques. « C’est ce qui se passe chez nous »
Depuis fin 2016, des camps de redressement sont installés sur le territoire Ouighoure. Les chiffres, attestés par des recherches américaines et anglaises donnent une idée de l’ampleur du drame.
Abdymutalip Imerov, nous signale qu’une étude satellite menée par les américains et les anglais a trouvé et prouvé l’existence de 1.200 camps de redressement au Xinjiang. « Cela représente un total d’environ 5 millions de personnes dans ces camps ».
Très impliqué dans la défense de son peuple, bien qu’il soit en Belgique depuis 20 ans, notre interlocuteur veut être la voix des sans voix. Il manifeste et témoigne sans relâche. Il était encore récemment sur le plateau d’une télé française pour y traduire le récit d’un des rares rescapés. Les mots sont très durs, certaines images reçues aussi. Nous avons choisi de ne pas les diffuser.
Pour Abdymutalip Imerov, les tortures, les viols, les humiliations et les meurtres sont prouvés par des témoignages et par des documents filmés ou photographiques.
La presse internationale tente évidemment de faire son travail dans le Xinjiang. Ce n’est pas simple. Comme d’autres, une équipe de la BBC en a fait les frais. La reconnaissance internationale du génocide des Ouighours progresse pas à pas.