La semaine dernière, un de nos reportages révélait la plainte déposée par la commune de Seneffe pour suspicion de fraude à la carte essence, dans le chef de membres du personnel. L'enquête est actuellement en cours. Lors du conseil communal de mardi, le sujet s'est, sans surprise, invité dans le débat. Avec de nombreuses questions à la clé.
Manque de transparence, de réactivité, de gestion et de contrôle. Autant de griefs portés à l'encontre des autorités communales par le groupe socialiste au cours de la séance. Michael Carpin dénonce notamment une communication tardive du dossier des cartes carburant aux conseillers communaux, ainsi qu'une sortie médiatique qui a jeté l'opprobre sur l'ensemble du personnel à deux jours du carnaval.
" Pourquoi cette rupture du cordon médiatique à deux jours du carnaval? Pourquoi cette période de black out dans la communication aux conseillers communaux? Pourquoi cette découverte des augmentations de consommation de carburant après plus d'un an alors que les factures sont mensuelles? Pourquoi ne pas avoir averti le conseil communal avant ?", demande le conseil communal.
Au delà des considérations liées à la communication, le conseiller Michaël Carpin s'étonne que, jusqu'à présent, les véhicules communaux ne sont pas dotés de carnet de bord. Une précaution de base, selon lui.
"On nous annonce qu'une procédure va être mise en place avec un carnet de bord dans les véhicules, des codes personnels pour la carte essence. Faut il entendre que cette procédure n'existe pas? " ajoute-t-il.
Face à l'ensemble de ces reproches, la Bourgmestre Bénédicte Poll précise que, depuis plusieurs années, et même s'il reste du travail à accomplir, de nouvelles procédures permettent de détecter plus facilement les anomalies telles que celles des dépenses en carburant. Avec des découvertes qui nécessitent, au moins temporairement, la discrétion.
" Certaines situations ont attiré notre attention", répond la Bourgmestre. "La question de la réaction s'est alors posée. Jusqu'à ce moment là, nous avons en effet travaillé en comité très restreint parce que dans le cadre d'une enquête, la transparence que vous évoquez a ses limites. Et si on veut pouvoir pointer des choses, il faut le faire aussi de manière non publique, dans un premier temps . Vous avez également pointé qu'il n'y avait pas de carnets dans les véhicules. C'est désormais mis en place.Mais contrairement à ce que vous dites, il y avait bien des procédures par rapport aux cartes de carburant."
Depuis l'annonce de la plainte, les rumeurs quant à d'autres faits se répandent parmi le personnel. Le groupe socialiste les relaie au conditionnel.
" Certains ouvriers emprunteraient du matériel à leurs propres fins", détaille Michaël Carpin. " Un tracteur aurait disparu pendant de longs mois. Un système de type mafieux existerait au service travaux. Je lis également sur les réseaux sociaux que certains ouvriers seraient engagés sans examen ni appel à candidat par un chef de service. Est-ce normal? ", termine l'élu PS.
" Comme vous, j'ai entendu une série de bruits", réplique Bénédicte Poll. " À ce stade, je ne peux pas vous confirmer les bruits que vous évoquez. Tous les éléments qu'on a également entendus ont été transmis au fur et à mesure à la police, que ce soit par rapport à du matériel ou d'autres informations. Et nous invitons toute personne qui aurait d'autres informations à se manifester auprès de la police pour compléter le dossier. "
Insatisfait des réponses apportées en conseil, le groupe socialiste demandera un audit externe pour clarifier la situation.
N. Elet