Le drame de Strépy-Bracquegnies, c’était il y a deux mois, le 20 mars. Depuis les familles tentent de faire leur deuil, attendent les indemnisations et espèrent voir les coupables punis.
Parmi elles, les Imperiale dont Marianna et Mattia ont perdu un père, un oncle et une tante.
Ils voudraient se porter partie civile, ce que refuse leur protection juridique. Une décision qu’ils n’acceptent pas.
Mattia et Marianna ont perdu leur père, un oncle et une tante le 20 mars. Avec beaucoup d’émotion et de pudeur, ils nous livrent leur colère face au comportement de Providis, la compagnie auprès de laquelle ils avaient contracté une protection juridique.
« Depuis toujours, on espère qu’il ne nous arrive rien de grave dans la vie. L'espoir ça ne suffit pas toujours, donc on essaie de se couvrir. Donc on contracte des assurances, pour en cas de problème, avoir du soutien, un suivi de la part d'une assurance protection juridique. Et aujourd'hui, se désolent Mattia et Marianna, on n'a pas ce suivi puisque la protection juridique décide en ce moment de ne pas mandater l'avocat de notre choix pour avancer dans les différentes procédures. »
Leur avocat se montre particulièrement exaspéré par l’attitude de Providis, même s’il précise qu’a priori l’indemnisation à l’amiable doit être privilégiée. Mais…
« Ce qui se passe dans ce dossier, dénonce Me Gelay, l’avocat de la famille, c'est que finalement, les protections juridiques estiment que simplement l'octroi d'un chèque ou d'une indemnisation sera suffisante pour calmer, j'imagine, la douleur et la souffrance des victimes et leur permettre finalement de dire : « on a fait notre travail, on a indemnisé les victimes, on a négocié une indemnisation et à partir de ce moment-là, il n'y a plus de raison effectivement que l'on couvre celles-ci pour qu'elles puissent avoir un avocat, se défendre et avoir accès au dossier. Ce qui à proprement parler, dans un dossier comme celui-là, est tout à fait incompréhensible, inacceptable. »
L’accès au dossier, c’est l’enjeu du désaccord avec la compagnie. Pour Mattia, Marianna et leurs proches, c’est un moyen d’obtenir des réponses aux questions qui les tourmentent.
« Exactement. Depuis le 20 mars, je pense qu’aucune nuit ne s’est passée correctement. Il y a énormément de questions qu'on se pose, énormément de choses qui, qui se disent, qui s'écrivent, des choses qui viennent jusqu'à nous. Le seul moyen d'avoir des réponses concrètes et précises à nos questions, c'est forcément d'avoir accès à ce dossier. Et comment a-t-on accès à ce dossier ? Tout simplement avec l'aide de notre avocat. »
Pour cela, il faut que la compagnie accepte qu’un avocat entame les démarches pour que les victimes se portent partie civile, examine le dossier avant le procès et puisse intervenir au cours de la procédure.
« Donc la question essentielle, c'est de se demander comment une protection juridique peut prétendre indemniser correctement des victimes sans même avoir eu accès au dossier et sans avoir permis à ses victimes de contester la qualification d'homicide involontaire, résume Me Gelay. En gros, on nous dit que c'est un accident et donc on va indemniser ce drame comme un accident. C'est épouvantable et c'est insupportable dans l'esprit des parties civiles qui des futures parties civiles que je représente, qui ont plein de questions et qui souhaitent être au cœur du débat et pouvoir effectivement devant le juge, se défendre de cette qualification. »
Déterminés à obtenir cet accès, Mattia et Marianna devraient se résoudre à se porter partie civile à leurs frais. Une situation absurde, estiment-ils.
« Oui, ce qui n'est pas normal de se poser cette question, on contracte cette assurance, mais pour avancer, on n'a pas le choix. Et voilà, je n'ai pas de mots pour qualifier ce qui se passe actuellement du côté de cette protection juridique. Je trouve tout simplement scandaleux que ma sœur et moi arrivions à nous poser ce genre de questions. »
« Ne pas être spectateurs du procès », une démarche essentielle dans la lente reconstruction de cette famille meurtrie.