Alors que les emménagements ont débuté cette semaine au sein du Clos des 7 Fontaines, le premier immeuble à appartements construit sur le site de la Strada, que va devenir le reste de la friche Boch ? Cette question se pose depuis que la ville de La Louvière a décidé de mettre un terme au contrat qui la liait au promoteur Wilhelm and Co en estimant que celui-ci était caduc. Un dossier qui est désormais entre les mains de la justice.
Le conflit entre la ville de La Louvière et Wilhelm & Co va donc passer par la case tribunal. Et on y voit désormais plus clair puisque le tribunal civil du Hainaut a fixé le calendrier avec une audience prévue en octobre 2022 pour les plaidoiries des deux parties. Mais il ne s’agira que d’une première étape. Le tribunal devra ensuite rendre sa décision, un verdict qui n’interviendra pas rapidement après les plaidoiries. Un verdict qui pourra évidemment encore être contesté devant une juridiction d’appel.
Une procédure judiciaire qui pourrait donc s’étaler sur de nombreux mois, voire plusieurs années. Et si l’enjeu est au final de déterminer, notamment, le montant des indemnités à verser à la partie qui obtiendra gain de cause, le promoteur réclame approximativement 60 millions d’euros, à plus court terme, la question qui se pose est de savoir si les terrains pourront être exploités ou s’ils resteront en l’état jusqu’à la fin définitive de la procédure.
Et sur ce dernier point, les interprétations s’opposent. Pour la ville de La Louvière, l’heure est aujourd’hui à construire un nouveau projet sur la friche Boch. « Nous avons la pleine propriété de tous les terrains, a rappelé Jacques Gobert ce mardi soir lors d’un débat consacré à plusieurs dossiers importants pour l’avenir de la ville. « Wilco peut entamer des actions, ce qu’il a fait. On verra ce qu’il en sera à l’avenir. Un premier calendrier a été déterminé par le tribunal et il nous reporte à fin 2022. Nous sommes de toute façon propriétaire des terrains et nous réfléchissons à un modèle pour les valoriser. » Et à la question de savoir si la ville pouvait donc disposer du site à sa guise, la réponse du bourgmestre de La Louvière est affirmative. « A ce jour c’est le cas. Sauf décision de justice contraire. Nous sommes toujours propriétaire des terrains » a insisté Jacques Gobert.
Une interprétation que ne partage évidemment pas le promoteur. « La situation est bloquée. C’est maintenant au tribunal de trancher, nous a expliqué Peter Wilhelm. Nous, nous souhaitons poursuivre le projet, notamment en levant l’option d’achat que nous détenons sur les autres terrains du site. Le 27 juin nous avons notifié à la ville notre volonté d’acquérir la parcelle prévue pour la seconde tranche du volet immobilier. La ville refuse de nous la vendre estimant que le contrat qui nous lie est caduc. C’est donc maintenant au tribunal de trancher. En attendant la décision, la situation est donc figée ».
Le promoteur qui remet aussi en question l’argument de caducité retenu par la ville. « Les avocats de la ville n’y croient pas non plus, estime Peter Wilhelm. La preuve, dans un courrier, ils formulent déjà d’autres hypothèses. A savoir la résolution du contrat à nos torts, torts que nous estimons être dans le chef de la ville ou si cette dernière option n’est pas retenue, la résiliation pur et simple du contrat. Ce qui implique d’office une indemnisation pour l’ensemble des coûts que nous avons engagés en y ajoutant le manque à gagner suite à l’abandon du projet ». Un montant global que le promoteur évalue à plusieurs dizaines de millions d’euros.
La ville, elle, maintient ses positions sur la caducité. Le bourgmestre précisant encore que c’est le promoteur lui-même qui a signifié qu’il n’était plus en mesure de réaliser le projet tel qu’il était prévu dans la convention. Une version contestée par le groupe Wilhelm. Pour le promoteur, les modifications proposées ne concernaient qu'une petite partie du projet. Un désaccord que devra aussi trancher le tribunal.
A. Laurent