Direction la Chine ! Et nous y allions par le chemin de fer… Train World, le musée consacré au train à Schaerbeek, présente une exposition retraçant la construction par les Belges d’une ligne de chemin de fer à la toute fin du XIXème. Une véritable prouesse technique qui a été possible grâce au matériel roulant fabriqué dans des usines de la région du Centre, réputée alors pour la qualité de ses locomotives.
Avec cette exposition « Pekin - Hankou, la grande épopée », Train World rouvre une page méconnue de l’histoire chinoise et du rayonnement international de notre industrie. A la fin du XIXème le petit royaume belge, troisième puissance industrielle mondiale, est un gros exportateur de matériel ferroviaire dont la qualité est reconnue sur tous les continents. Y compris donc aux confins de l’Empire du Milieu.
« A ce moment, nous précise Stéphane Disière, responsable du patrimoine histoire de la SNCB, la Chine décide de développer son réseau ferroviaire avec une ligne très importante entre Pékin et Hanku (ville qui, par ailleurs, deviendra Huwan en 1927). »
La chance des Belges : les velléités de dépeçage de la Chine par les grandes puissances.
« La Belgique avait moins d’ambitions coloniales que la Grande Bretagne, la France, l’Allemagne et le Japon qui seront furieux de voir la ligne attribuée aux Belges », souligne Stéphane Disière.
La construction de la ligne s’étendant sur 1214 kilomètres sera confiée à un ingénieur belge, Jean Jadot. Il aura 120.000 personnes sous ses ordres et fera évidement profiter l’industrie de son pays de ce gigantesque chantier, comme nous le confirme Louis Gillieaux, chercheur en histoire du rail.
« Nombre d’entreprises du Centre ont fourni aux fils des ans pas mal d’équipements. »
Comme cette locomotive made in le centre dont on peut également voir un exemplaire dans Train World. Mais outre le matériel roulant, les Belges avaient aussi un autre savoir-faire, les constructions métalliques. Un bon business, cette ligne qui compte 2400 ouvrages d’art, dont un pont de 3 kilomètres traversant le Fleuve Jaune, tout simplement le plus long du monde.
Après avoir été montés à la Louvière pour vérification, les éléments seront démontés et arriveront en Chine après un trajet par bateau de 22.000 kilomètres.
Cette saga où se mêlent culture, histoire, géopolitique, défis techniques, finances et patrimoine est consignée dans un livre richement illustré en documents d’archives souvent inédits. François Schuiten et Li Kunwu l’ont agrémenté de dessins réalisées à quatre mains.
L’exposition « Pékin – Hankou, la grande épopée » se tient dans Train World, le musée du train, à la gare de Schaerbeek, jusqu’au 10 octobre.